C'est dans le massif du Jura que Tiffaine, nouvelle arrivante dans la team 2024/2025, est allée récupérer sa médaille! Bon, après une promenade de 40 km et de 1100 de D+... juste assez pour avoir envie de manger du Morbier sans modération et de faire crier les quadriceps! Récit.
"Le réveil sonne après une nuit correcte. Je me sens bien. Les derniers préparatifs, le traditionnel petit-dej qui va bien et c’est parti, direction le départ.
Pas de stress, tout est bien organisé, nous trouvons facilement une place pour se garer, le soleil se lève et met le feu à cette ligne d’arrivée.
Il ne fait pas trop froid par rapport à la veille, dernières secondes, les larmes,
je vis pleinement l’émotion du moment et de la concrétisation des efforts de ces dernières semaines. 3, 2, 1... ça y est, les premières foulées en montée. Elles sont encourageantes, c’est apparemment un bon jour. Les premiers bouchons arrivent au bout de quelques mètres, provoquant un léger stress... Bah oui, je ne cours déjà pas vite alors si je me retrouve obligée de m’arrêter, ça peut très vite devenir compliqué... Heureusement, ça ne dure pas et ça repart rapidement. Je me retrouve très vite dernière,
"je ferme la marche. J’ai l’habitude, mais après les entraînements des dernières semaines, ça me fait bien chier"
Mais très vite, je rattrape des concurrents qui marchent déjà dans le premier faux plat sur route. J’ai en tête les temps de passage à chaque ravitaillement, je me cale sur la bonne allure. Cette première partie est roulante au début, puis avec une petite succession de petites montées/descentes, je déroule. Le dénivelé est un peu plus important que prévu, je suis en léger sur régime pour rentrer dans les clous du plan prévu.
Je dose l’effort, j’appuie un peu sur la pédale en ce début de course plus facile pour être plus détendue sur la deuxième partie beaucoup plus difficile mais je fais attention à ne pas aller non plus trop vite pour ne pas risquer d’exploser sur la fin de course.
"Arrivée au 1er ravito, tout est ok. Je décide de faire l’impasse et de tracer, j’ai tout ce qu’il me faut... Avec le recul, ce ne sera sans doute pas une bonne décision"
Je prends quelques secondes pour faire la touriste et admirer les tremplins de saut à ski puis je me remets dans ma course.
Une première longue montée après le ravito puis c’est à nouveau plat et roulant jusqu’à Mouthe, endroit le plus froid de France (-41 degrés, record absolu). Un gobelet de Saint-Yorre et je trace, hé oui je ne bois pas assez, j’ai encore de l’eau du début de course.
Passage par la source du Doubs, la région est vraiment magnifique, on en prend plein les yeux.
A partir de là, j’en prendrais aussi plein les jambes.
Direct après le ravito, ça grimpe, les jambes commencent à grincer et je vais descendre gentiment dans mon premier creux de la vague, payant mon ravitaillement de fortune. Je serre les dents, essaie de marcher le plus rapidement possible en montée et faux plat, de trotter sur le plat et continuer à courir dans les descentes. Je sais que ça ne durera pas, après le creux, on remonte toujours alors je serre les dents. Arrivée au ravito de Grange Raquin, je ne suis pas au top, mais je sais que je devrais finir quoiqu’il arrive, voire même aller chercher le chrono espéré. Je remplis mes flasques (enfin), me gave de Morbier et c’est reparti en marchant. De grosses montées m’attendent encore. Je serre les dents, les jambes me font mal, l’adducteur râle aussi.
A quoi je reconnais que ça ne va pas trop bien ? Je mange, je mange, je mange ce qu’il me reste dans le sac (pas grand-chose, je suis partie léger).
"Mais quand je regarde autour de moi, je me dis que je suis finalement encore en forme"
Entre ceux qui ont mal au genou, ceux qui sont perclus de crampes... je m’estime chanceuse alors je cours dès que je peux même si c’est agréable de marcher à ce stade et que je n’ai pas envie de courir.
Dans la montée vers le Mont d’Or
(sublime, des points de vue de dingue mais j’avoue être bien fatiguée et ne pas en profiter comme je devrais), je sympathise avec un couple de ch’tis qui avancent à peu près à mon allure, je leur demande si je peux finir avec eux, ils sont ravis.
Je les motiverai dans les dernières montées quand eux me traineront dans la dernière descente. Nous sommes restés ensemble jusqu’au bout, et passons la ligne d’arrivée “au sprint” (un sprint d’après 40km hein...) presque main dans la main. Un chouette moment comme seul le trail sait en offrir.
La fierté de baisser la tête pour que le bénévole puisse me mettre la médaille autour du cou, nous nous félicitons mutuellement avec Manu et Laurence (les ch’tis), quelques photos souvenirs qu’il faut déjà repartir. Il ne fait pas chaud, j’ai hâte de prendre une douche et bien évidemment de manger avant de reprendre la route. Je réalise gentiment que c’est sans doute l’une de mes meilleures courses depuis longtemps. Mais la peur de la future échéance à venir pointe aussi le bout de son nez, cet UTMJ n’étant qu’une petite entrée en comparaison..."
Comments